Modes de vie et paysage

Les différents modes de vie influencent la manière de consommer et les habitudes au quotidien. L’essor du numérique, par exemple, promeut des modes de vie caractérisés par la décentralisation de l'habitat et du travail. Au lieu de résider à proximité de leur lieu de travail, les personnes actives peuvent opter pour un domicile dans une région plus éloignée, où les terrains à bâtir sont moins chers et les loyers peu élevés. La numérisation favorise l'habitat décentralisé. Et ce que nous mangeons, les moyens de transport que nous choisissons, la manière de passer nos vacances, de nous détendre et, plus généralement, d’organiser notre quotidien, laissent également des traces dans le paysage.

Inversement, la manière dont nous percevons et éprouvons les paysages peut influencer notre mode de vie, ce qui peut, à son tour, se répercuter sur eux. Les modes de vie et les tendances dominantes entraînent des attentes de la société envers le paysage qui, de ce fait, se modifie effectivement. Cela peut se traduire par de nouvelles offres de loisirs de proximité, par des changements dans l'agriculture ou la structure de l'habitat, mais aussi par une exploitation touristique à grande échelle de destinations de vacances.

Les changements climatiques ne resteront pas non plus sans conséquences : ils influenceront nos habitudes quotidiennes et notre comportement de loisirs – et donc, indirectement, également le paysage.

Les relations entre le mode de vie et le paysage donnent lieu, certes, à des spéculations fondées, mais rarement, pour l’heure, à des connaissances scientifiques validées. C'est pourquoi le FoLAP fait de ce sujet clé l’une de ses principales priorités de recherche.

En collaboration avec les acteurs et actrices de terrain, le FoLAP veut montrer comment prendre en compte les attentes et les souhaits de la population dans la planification et l'utilisation futures du paysage. Il est essentiel de mener une telle négociation avec les personnes directement concernées, sans quoi leur paysage quotidien risque de leur devenir étranger : il serait alors de moins en moins en relation avec leurs modes de vie ou ne tiendrait pas suffisamment compte des intérêts publics et supérieurs. Ceci irait finalement à l'encontre du principe selon lequel les paysages constituent un bien commun.

Au vu des nombreuses tendances, en partie contradictoires, qui se dessinent actuellement, il serait très utile de caractériser les modes de vie socialement importants et d’en faire l’inventaire. Dans un deuxième temps, il s'agirait d’établir quelle influence ils exercent sur les paysages de la Suisse (et d'autres régions du monde) – et comment le rapport intime avec le paysage se répercute à son tour sur le mode de vie.

Il serait également important d’explorer les opportunités et les risques économiques que les tendances constatées sont susceptibles d'entraîner. Il convient également de dégager les caractéristiques d'un développement durable des paysages et d’identifier les modes de vie qui le favorisent.

Enfin, il faudrait concevoir et tester des instruments susceptibles de conduire à une entente en présence de modes de vie divergents qui suscitent des attentes différentes vis-à-vis du paysage.

La manière dont les styles de vie et le paysage s'influencent mutuellement présente non seulement un intérêt pour la planification, mais est aussi d’une importance considérable pour les études de marché et les recherches résidentielles. Elle est également au cœur des réflexions de différents think tanks et instituts universitaires, quand bien même aucune de ces institutions ne peut revendiquer une position clé dans ce champ de recherche.

Plusieurs dossiers politiques soulignent l'importance d’une réflexion sur les modes de vie et leur influence sur le paysage. Citons, entre autres exemples, la révision de la loi sur l'aménagement du territoire (LAT 2) et la Stratégie pour le développement durable 2030.

Le FoLAP encourage la communauté scientifique à faire de la recherche transdisciplinaire – c'est-à-dire en collaboration avec l'économie, le monde politique et les spécialistes de terrain – sur l'influence des modes de vie sur le paysage et son développement durable. Il faudrait également trouver des moyens d'associer la population au débat. La Conception « Paysage suisse », approuvée en 2020 par le Conseil fédéral, peut servir de modèle.