Le réseau national inter- et transdisciplinaire promeut la connaissance et le discours sur le paysage et les processus de changement de paysage. Il s'est engagé dans des concepts de conception, de développement et de protection durables. Les Alpes, les parcs et les espaces protégés sont au cœur de ce forum.en plus

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Culture du paysage

Kernthema FoLAP: Landschaftskultur
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Pourquoi n’y a-t-il presque aucune discussion sur le fait que la protection, l’utilisation et l’aménagement des paysages présupposent une culture bien développée du rapport de la société au paysage ? Les experts et expertes doivent débattre de cette culture avec les politiques et les différents publics. La culture paysagère intègre les évolutions démographique et socioculturelle ainsi que les tendances en matière d’alimentation et d’agriculture.

L'urbanisme et l'aménagement du paysage se réfèrent souvent à l'héritage culturel dont il faut prendre soin, notamment parce que la population s'y identifie. Dans les milieux spécialisés, une conception du paysage s'est entre-temps imposée qui se distancie de la volonté de conserver en premier lieu l'héritage du passé et qui est également ouverte aux changements et à la nouveauté.

Tant la Convention européenne du paysage (CEP) que la Conception « Paysage suisse » (CPS) actualisée par le Conseil fédéral s'engagent en faveur d'une notion dynamique du paysage, qui part de l’idée d'une interaction entre la perception du paysage et son aménagement. La stratégie Culture du bâti de l'Office fédéral de la culture suit la même orientation.

Selon cette approche, le paysage n'est pas déterminé par l'opposition entre nature et culture ; il est, au contraire, intégré dans un réseau de relations territoriales, économiques et sociales qui a des effets dynamiques multiples sur l'aménagement et le développement du paysage. Il s'agit donc à l'avenir, tant dans la recherche que dans la politique et sa mise en œuvre, de considérer la protection, l'utilisation et l'aménagement du paysage en étant plus attentif à la dimension culturelle.

Afin de prendre en compte les multiples manières de percevoir le paysage et les différentes attentes à son égard, le FoLAP veut lancer un débat de société sur la culture paysagère au sens de « modeler le paysage » (« doing landscape »). Il s'agit de jeter un nouveau pont entre, d’une part, les spécialistes de la recherche, de l'aménagement et du développement paysagers et, d’autre part, les responsables politiques, les autorités et le public.

L'objectif est de développer une politique du paysage capable de concilier la diversité des besoins et des compétences des acteurs et actrices de la société. Une telle politique du paysage, qui intègre le plus grand nombre possible de points de vue, offre les meilleures conditions pour que les gens s'identifient à leur paysage quotidien.

L'étude de la culture paysagère soulève des questions fondamentales, mais aussi d'ordre méthodologique et instrumental. Ces dernières concernent par exemple les méthodes nécessaires à la gestion publique du paysage – en particulier lorsqu'il s'agit d'arbitrer entre de multiples positions et revendications et de résoudre ainsi des divergences souvent déclarées comme des conflits d'utilisation.

Au niveau des principes, le FoLAP veut, entre autres, encourager le développement d'une éthique du paysage. Il s'agirait par exemple d'étudier comment des régions, des villes ou la société en général négocient leur conception de paysages beaux et précieux. Il serait également intéressant de mettre en lumière à quel moment et sur quoi les débats éthiques sur le paysage mettent l'accent en matière d’environnement, de durabilité, d'alimentation ou de biodiversité.

Différentes perceptions du paysage se sont développées au cours de l'histoire, ce qui est également dû à de multiples conditions de vie. Il serait également important de savoir quelles connaissances de base à ce sujet sont nécessaires pour améliorer notre approche du paysage dans la pratique.

La Convention-cadre du Conseil de l'Europe sur la valeur du patrimoine culturel pour la société (Convention de Faro), ratifiée par la Suisse en 2018, met certes l'accent sur l'être humain et ses valeurs, mais définit la « culture » de manière très large. À propos des effets de cette convention sur l'environnement, le Conseil fédéral constate qu’elle vise des objectifs qui correspondent à ceux de la politique suisse du paysage, car toutes deux misent sur des instruments intégrés, des procédures coordonnées et une participation démocratique à l'entretien et à l'aménagement du territoire.

Le troisième Congrès suisse du paysage, qui se tiendra les 8 et 9 septembre 2022, placera la culture paysagère au centre du débat et invitera des acteurs et actrices de terrain, des politiques, des scientifiques et des enseignantes et enseignants à discuter des défis à relever pour « modeler le paysage » dans le sens du développement durable.

Dans le contexte des efforts pour maîtriser ces défis, l'accent mis sur la culture paysagère devrait également contribuer à améliorer la collaboration à différents niveaux entre responsables et autres parties intéressées.

Équipe d’auteurs : Bernhard Tschofen (UZH), Peter Wullschleger (BSLA/FSAP), Marcel Hunziker (WSL), Matthias Stremlow (OFEV), Urs Steiger (steiger texte konzepte beratung), Roger Wehrli (economiesuisse)

Projets/événements

Remarques : Le FoLAP a identifié dans les cinq sujets clés (santé et paysage, culture du paysage, modes de vie et paysage, protection du climat et paysage, relations spatiales) les plus importantes mesures à prendre en matière de développement durable du paysage. Pour promouvoir le discours politique et le processus de transformation de la société, il faut non seulement rassembler les connaissances existantes, mais aussi déployer des efforts de recherche supplémentaires et intensifier le dialogue entre la recherche et la pratique. Le FoLAP considère ces sujets clés comme une mission pour lui-même et sa communauté : ils sont donc sur l'agenda du FoLAP et constituent une invitation aux institutions et aux acteurs à s'engager activement dans ces domaines thématiques. En savoir plus

Pertinence politique et économique et actualité du sujet

La pertinence sociale - et donc aussi politique et économique - du sujet clé la « culture du paysage » résulte de l’approche explicative proposée par le concept et de la possibilité de mieux concevoir les processus à l’avenir dans le sens des objectifs stratégiques de la conception « Paysage suisse », c’est-à-dire de manière plus inclusive et durable. Le « doing landscape » sensibilise en effet à la situation culturelle des différentes notions et pratiques et peut, dans le sens d’une méthode, améliorer la coopération entre les différents acteurs, notamment au niveau de la gouvernance. Cela devient d’autant plus important que la diversité croissante due aux changements démographiques et aux migrations (internes) s’accompagne d’évolutions et de positions hétérogènes, parfois même simultanées ou contradictoires, concernant le paysage, et rompt les liens des acteurs avec des espaces donnés. De plus, le sujet clé suit également la compréhension large de la Convention de Faro ratifiée par la Suisse en 2018, qui comprend le patrimoine culturel comme toutes les dimensions des relations entre l’homme et l’environnement et leurs interactions et s’engage à un droit fondamental de regard sur les processus de définition, de conception et de valorisation du patrimoine culturel.

Un impact direct pourrait être revendiqué pour une conception plus équitable des procédures politico-administratives. La pertinence économique réside avant tout dans la mobilisation du paysage en tant que ressource sociale dont les effets, bien que souvent non monétarisables, peuvent être valorisés durablement. La question de la valeur ajoutée sociale et économique concrète d’un paysage « conçu » démocratiquement et ouvertement par rapport à un paysage simplement « administré » doit être posée et des méthodes de mesure et de communication doivent être recherchées.

Questions clés pertinentes

Les questions liées au problème posé concernent aussi bien les connaissances de base que la conception d’instruments pour le traitement public du paysage. En raison de l’étroite interdépendance des projets de paysage culturellement situés, multiples et concurrentes entre les différents acteurs et des défis actuels de la politique et de la planification, les questions du transfert des connaissances et de l’orientation pratique doivent notamment être abordées. La question centrale est de savoir comment la science, la pratique et, surtout, un public plus large peuvent être sensibilisés aux questions de culture du paysage. Il ne s’agit donc pas seulement de créer un cadre commun dans lequel les conclusions et les objectifs formulés, déjà acquis dans une large mesure au niveau académique dans le PNR 48, peuvent être développés à travers les domaines dans une représentation partagée de la culture du paysage et des possibilités d’action peuvent être identifiées.

De quelles connaissances de base avons-nous besoin concernant les différences de perception, d’appréciation, d’utilisation et d’aménagement des paysages qui sont devenues historiques et qui résident dans les différences de conditions de vie ? Comment, par exemple, comprendre et intégrer dans une meilleure pratique les différences entre les concepts dominants au niveau régional et sectoriel et la pluralité due à la diversité sociale croissante ?

Comment la société (ajouter : régions, villes, etc.) négocie-t-elle ses idées de paysages « beaux » et précieux ; quelles conjonctures montrent les débats éthiques en rapport avec l’environnement, la durabilité, l’alimentation ou la biodiversité ? Dans quels espaces sociaux l’éthique du paysage circule-t-elle (top down/bottom up ?), dans quelle relation établit-elle des connaissances et des contre-connaissances, et à quels mécanismes d’inclusion et d’exclusion est-elle liée ?

Comment les contradictions souvent déclarées comme conflits d’utilisation peuvent-elles être comprises de manière plus différenciée et évitées en développant des instruments qui permettent la diversité des positions et des revendications ? Comment les processus participatifs peuvent-ils être conçus de manière à ce que la négociation par la société civile des futurs possibles et ouverts du développement du paysage devienne un droit démocratiquement garanti sans discrimination structurelle et culturelle ?

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