Protection du climat et paysage

Tant la lutte contre les changements climatiques que l'adaptation à ceux-ci devraient modifier en profondeur notre système social et économique actuel – et également transformer le paysage. Dans ce contexte, notre pays, qui porte une grande responsabilité également au niveau international vu ses émissions de CO₂ supérieures à la moyenne, s'est engagé, en ratifiant l'accord de Paris sur le climat, à réduire ses émissions de gaz ayant un impact sur le climat à zéro net équivalent de CO₂. Parallèlement, il lui faut développer des stratégies d'adaptation pour faire face à la multiplication d’événements extrêmes tels que les vagues de chaleur et les intempéries.

« Décarboner ! » Tel est l’impératif s’il faut que la société et l'économie passent des combustibles et carburants fossiles à l'électricité renouvelable. En outre, il est indispensable de réduire substantiellement la consommation d'énergie dans son ensemble, car l’électricité ne pourra guère remplacer intégralement le pétrole, le gaz et le charbon.

Le développement des énergies renouvelables ne pourra pas avoir lieu sans atteintes considérables au paysage : les ressources hydroélectriques exploitables sont épuisées dans une large mesure, et le photovoltaïque, auquel on attribue un grand potentiel, nécessite des surfaces importantes pour les panneaux solaires. Il est prévisible que ces derniers – tout comme les éoliennes – modifieront fortement des paysages jusqu'ici non construits, ce qui pourrait, en maints endroits, susciter des oppositions dans la population. Des solutions devront également être développées pour le stockage de l'énergie, qui, selon la technique utilisée, auront également un impact sur le paysage.

La production de viande, de lait et de fromage libère une grande quantité de méthane nuisible au climat, de sorte qu'il est urgent de réduire les cheptels ou du moins de passer à d'autres types d'animaux de rente. Cela aura des répercussions considérables sur le paysage, tout comme les méthodes de culture respectueuses du climat et le renforcement d'une économie circulaire régionale.

La technique, quant à elle, offre des moyens de capter du carbone atmosphérique et de le stocker. En outre, il faut promouvoir les puits de carbone naturels, par exemple développer les zones humides, préserver et étendre les forêts.

Dans la foulée des changements climatiques, il faut s'attendre à des extrêmes météorologiques plus fréquents. Des ouvrages de protection supplémentaires seront nécessaires pour mettre des bâtiments et des infrastructures à l’abri des dommages causés par les glissements de terrain, les laves torrentielles, les inondations et d’autres dangers naturels. Le cas échéant, des bâtiments d'habitation situés à des endroits particulièrement exposés devront être abandonnés. La protection du climat et les adaptations à son évolution laisseront des traces manifestes dans le paysage.

Les paysages urbains devront eux aussi s’adapter aux changements climatiques. Des espaces verts et des plans et cours d'eau joueront un rôle important pour refroidir les îlots de chaleur urbains. L'aspect des bâtiments changera également s’ils sont de plus en plus équipés pour produire de l'électricité et stocker de la chaleur.

Du point de vue du FoLAP, il importe d’accorder une grande attention aux conflits d'objectifs prévisibles entre le développement de sources d'énergie renouvelable et de nouvelles stratégies visant à conserver des zones de nature sauvage. Il s'agit également de mettre en balance les coûts paysagers et écologiques avec les avantages en termes de politique énergétique. Il convient en outre d'examiner dans quelle mesure une efficacité énergétique accrue ou une utilisation sobre de l'énergie concourent à la préservation des paysages naturels et culturels de valeur.

La contribution que le paysage peut apporter à la maîtrise de la crise climatique doit être également considérée. La question se pose, par exemple, de savoir comment orienter le développement du milieu bâti pour que celui-ci puisse mieux faire face à cette crise. Il convient également d'examiner la portée du paysage et de ses éléments en tant que puits de CO₂.

Le FoLAP reconnaît également la nécessité de mener des recherches sur les instruments existants et à développer en matière de politique territoriale et paysagère. Que signifie par exemple « zéro net au niveau régional » et que faut-il pour qu'une région atteigne zéro net ? Serait-il possible de développer des régions climatiques en tant que projets pilotes de politique régionale et les parcs naturels s'y prêteraient-ils ? Les instruments de politique paysagère existants sont-ils effectivement utilisés pour faire face aux défis des changements climatiques – ou faut-il ajouter de nouveaux éléments à la boîte à outils de la politique paysagère ?

En Suisse, de nombreux offices et organisations s'occupent des interactions entre le paysage et les changements climatiques. Il s'agit notamment d’institutions scientifiques de recherche sur le paysage et la biodiversité, des services de recherche énergétique de la Confédération et des organes de recherche climatique des Académies suisses, ainsi que de l'économie hydraulique et énergétique. Le FoLAP s'efforce d’associer tous ces organismes à la réflexion sur les impacts des changements climatiques sur le paysage.